(Georges Sand/Erick Benzi)
Pourquoi m'avez-vous réveillée, ô mon Dieu, quand je m'étendais avec résignationsur cette couche glacée? Pourquoi avez-vous fait repasser devant moi ce fantômede mes nuits brûlantes? Ange de mort, amour funeste, ô mon destin, sous lafigure d'un enfant blond et délicat! Oh! que je t'aime encore, assassin! Que tesbaisers me brûlent donc vite et que je meure consumée! Tu jetteras mes cendresau vent, elles feront pousser des fleurs qui te réjouiront.
Quel est ce feu qui dévore mes entrailles? Il semble qu'un volcan gronde audedans de moi et que je vais éclater comme un cratère. O Dieu, prends donc pitiéde cet être qui souffre tant!
... O mes yeux bleus, vous ne me regardez plus! Belle tête, je ne te verrai plust'incliner sur moi et te voiler d'une douce langueur! Mon petit corps souple etchaud, vous ne vous étendrez plus sur moi, comme Élisée sur l'enfant mort, pourme ranimer. Vous ne me toucherez plus la main, comme Jésus à la fille de Jaïre,en disant: «Petite fille, lève-toi.» Adieu mes cheveux blonds! Adieu mesblanches épaules! Adieu tout ce que j'aimais, tout ce qui était à moi!J'embrasserai maintenant dans mes nuits ardentes le tronc des sapins et desrochers, dans les forêts, en criant votre nom; et quand j'aurai rêvé le plaisir,je tomberai évanouie sur la terre humide!
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